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Obligations souveraines : comment les marchés financiers réagissent aux spéculations sur la santé de Paul Biya

  • Photo du rédacteur: Gabriel Mbarga
    Gabriel Mbarga
  • 14 oct. 2024
  • 4 min de lecture




La propagation, ces derniers jours, de nouvelles inquiétantes sur l’état de santé du chef de l'Etat camerounais, n’a pas laissé indifférents les investisseurs sur le marché des capitaux. À l’international comme dans la Cemac, EcoMatin revient sur la réaction des marchés vis-à-vis de ce fait d’actualité.

Publiée samedi 12 octobre 2024 à 11:10:41Modifiée samedi 12 octobre 2024 à 11:10:43Temps de lecture 5 minParEcoMatin


Ces derniers jours, les rumeurs inquiétantes sur l'état de santé du président camerounais Paul Biya se sont répandues, telle une traînée de poudre, au sein de l’opinion publique nationale et internationale. À tel point que le gouvernement a dû sortir de sa réserve pour apporter un démenti formel. « Le chef de l’État se porte bien et rejoindra le Cameroun dans les prochains jours », a tenté de rassurer René Emmanuel Sadi, le porte-parole du gouvernement dans un communiqué. Le Cabinet civil de la Présidence a également réagi, précisant que le chef de l’exécutif se trouvait à Genève « où il travaille et vaque à ses occupations », non sans souligner son « excellent état de santé ».

Timide réaction sur les marchés internationaux

Âgé de 91 ans dont 42 passées à la tête de l’État, Paul Biya est pourtant absent de l’espace public depuis le début de septembre après s’être rendu à Pékin pour participer au sommet Chine-Afrique. Les multiples interprétations données à cette absence et les démentis formulés par les autorités n’ont pas laissé indifférents la communauté d’investisseurs. Un scepticisme qui s’est manifesté par une baisse de la valeur des obligations internationales du pays sur le marché secondaire, comparativement à celle relevée au moment de leur émission.

Selon Bloomberg, les obligations en dollars du Cameroun ont chuté pendant trois jours consécutifs. Le média américain fait référence à l’eurobond émis en juillet dernier avec une échéance en juillet 2031. Le mercredi 09 octobre 2024, les titres de cet emprunt se négociaient à 96,915 % de sa valeur initiale. Cela représente une réelle opportunité pour ceux qui achèteront avec cette décote, même si la situation peut vite évoluer, les prix dépendant de la force de l’offre et de la demande. L’inconvénient pour le Cameroun est que le pays pourrait faire face, si la situation perdure, à des coûts plus élevés s’il souhaite refinancer ses obligations. Par contre, le titre REPCAM 9.500%, émis en 2015 est resté stable, les détenteurs demandant 100,5% de sa valeur d’émission pour le céder sur le marché secondaire.

Question de succession

Selon les analystes, la réaction timide des marchés internationaux se justifie par le fait que les investisseurs sont moins inquiétés par l’état de santé du président camerounais que par le mécanisme de succession qui sera enclenché une fois que ce dernier sera en incapacité d’exercer sa fonction. «Ces dernières années, les rumeurs sur sa santé n’ont cessé de circuler (…) La question sera celle de la succession, et naturellement, cela pourrait créer une certaine volatilité », a réagi Thys Louw, gestionnaire de portefeuille chez Ninety One UK Ltd.

La succession du Président Biya a toujours été considérée comme un facteur de risque pour les investisseurs par les agences de notation. Dans sa dernière évaluation sur le Cameroun, Fitch Ratings écrit à propos que « l’absence de plan de succession et les élections à venir augmentent les risques dans un climat politique tendu, en raison des divisions politiques et des rivalités internes ». Et S&P de renchérir, « Les performances économiques du Cameroun pourraient souffrir d’une détérioration de la situation politique et sécuritaire intérieure, due par exemple à l’approche des élections présidentielles de 2025. Le président Paul Biya est au pouvoir depuis 1982 et le cadre institutionnel est très centralisé ». Des arguments sur lesquels elles s’appuient pour durcir le coût de la dette.

Statu quo sur le marché domestique

Le Cameroun est également actif sur le marché domestique des capitaux où il émet régulièrement des emprunts libellés en monnaie locale. Ici, la rumeur n'a suscité aucune réaction. À la BVMAC où le pays a coté plus de 41 millions d’obligations pour un encours de 406,5 milliards FCFA, aucune fluctuation particulière n’a été enregistrée. Pas de signal également sur le marché des titres publics où le Cameroun prévoit de lever 295 milliards FCFA au 4e trimestre. Il faut dire que sur le marché régional les remboursements sont garantis par le mécanisme de débit d’office mis en place par la Banque Centrale ce qui constitue un élément de sûreté pour les investisseurs. Concrètement, pour chaque emprunt qu’il émet, le pays ouvre un compte séquestre à la Banque centrale. Chaque 15e jour du mois, à la période du pic des recettes fiscales, elle prélève automatiquement une partie du montant sur les revenus fiscaux du pays qu’elle reverse dans le compte d’amortissement. À chaque échéance d’amortissement, elle débite le compte d’amortissement pour créditer les comptes des investisseurs ayant souscrit à l’emprunt.


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